Découvrir la gouvernance partagée et des modèles pour la pratiquer

Définition de la gouvernance partagé

Pour définir la gouvernance partagée, il nous semble pertinent de citer la définition de l’Université du Nous qui nous semble remplie de clarté et d’authenticité :

🗣 Citation :  “Construire dans la durée un projet ou une organisation nécessite une attention toute particulière à penser et organiser notre « faire ensemble ».
Le terme gouvernance désigne à nos yeux les règles du Jeu de ce faire ensemble, et notamment la façon dont s’exerce et se distribue le pouvoir.
C'est un vaste sujet complexe qui, depuis notre point de vue, ne trouve pas de solution miracle dans un modèle spécifique ou des méthodes universelles.
L’important réside pour nous, bien plus dans le chemin de transformation individuel et collectif que nous offrent à vivre ces méthodes, que dans les méthodes en elles même.
Nous ne portons donc pas de vérité ou de recette à appliquer, mais davantage des intentions sur lesquelles chacun-e sera invité-e à réfléchir et à cheminer.”

Chez Hameaux Légers, nous synthétisons la définition de la gouvernance partagé comme l'action et la manière de s'organiser et prendre des décisions au sein d'une organisation.

Les principes d’une gouvernance partagée

La gouvernance partagée est d’abord une posture respectée par chaque individu membre d’un collectif. Dans cette posture, nous conseillons chez Hameaux Légers de :

1. S’approprier un “cadre de sécurité” co-construit.
2. Rester à l’écoute du “centre” et de l’intérêt du collectif.
3. Être au service de la vision commune, la raison d’être.
4. Partager la responsabilité et le pouvoir.
5. Ressentir et ajuster plutôt que prévoir et contrôler.
6. Respecter les différences de rythme de chacun·e.
7. Équilibrer le soin à l’humain et efficacité organisationnelle.
8. Se responsabiliser sur ses rôles et ses redevabilités.

Cette posture est pour nous cruciale pour permettre à des groupes de faire fonctionner les principes et outils de la gouvernance partagée. Des outils comme la charte relationnelle permet à chaque collectif de “personnaliser” la posture à adopter dans chaque groupe.

L’holacratie et ses principes

La gouvernance partagée s’inspire en partie de principes de l’Holacratie qui est un système d’organisation de structures qui éliminent la notion traditionnelle de hiérarchie et confère plus d’autonomie aux membres.

Voici quelques exemples d’outils issue de l’Holacratie que vous utiliserez sûrement en collectif :

• La raison d’être (le “pourquoi”) organise l’action des individus qui vont contribuer à la réalisation du projet commun. Le collectif et ses sous-entités (cercles, rôles) ont chacun des raisons d’être.
• Les rôles et les cercles (le “qui”) contrôlent et régulent des “périmètres de responsabilité” au nom du collectif. Des redevabilités précises aux rôles/cercles permettent de clarifier leur mission, leur niveau d’autonomie et leur autorité.
• Les formats de réunion (le “comment”) avec :
  • la réunion de triage pour prendre des décisions par consentement,
  • la réunion de gouvernance pour créer, modifier ou supprimer des rôles ou des cercles, travailler sur les fonctionnements de l'organisation;
  • des ateliers et groupes de travail pour ramener de la transversalité et préparer des propositions.

Exemple de mise en application des rôles

Si vous souhaitez aborder plus en détails dès à présent le fonctionnement par rôles, cercles et pôles, nous vous recommandons de consulter la ressource Holacratie : fonctionnement par Rôles, Cercles et Pôles dans la boîte à outils. Celle-ci vous propose un exemple d’application des rôles avec le hameau léger du Placis.

Réunion de triage pour résoudre une tension

La réunion de triage est un processus qui permet faire en groupe un état des lieux sur le travail opérationnel d’un rôle ou d’un cercle, de faire un point sur les projets et actions en cours et leur avancement et de transformer les points bloquants concrets (appelés « tensions ») en prochaines actions.

Tenue à fréquence régulière, on peut dans ce type de réunion créer des actions, des projets ou préparer des tensions. Elles sont aussi un moyen de partager des informations, partager des demandes aux autres rôles et lever les obstacles afin que le travail puisse avancer.

Les tensions peuvent être résolues par :

• la diffusion de l’information,
• l’orientation vers un cercle ou un rôle dont le périmètre inclut ce sujet,
• l’écoute des avis des présents (sollicitation d’avis),
• la validation d’une décision,
• la création ou l’élection d’un rôle.

Pour plus de détails, nous vous invitons à consulter la ressource Réunion de triage .

Modèles décisionnels

De multiples modes de prise de décisions existent et peuvent être appliqués en gouvernance partagée selon le contexte.

Voici un schéma qui donne un aperçu de 5 grands modes de prise de décision classés selon leur rapidité d’exécution (axe vertical) et l’engagement qu’ils suscitent auprès du collectif concerné (axe horizontal) :

• Autoritaire : chaque individu décide dans son domaine d'autorité, avec ou sans consultation.
• Consultatif : un avis est demandé au collectif ou à des individus avant la décision, prise par la personne qui a autorité sur la question ou le collectif.
• Vote : bien connu mais que nous conseillons moins car il ne permet pas à tou·tes de s'exprimer pleinement et peut diviser le collectif en deux.
• Consentement : une proposition est validée après que chaque individu ait pu poser ses questions, partager ses expressions et lever une ou plusieurs objection “contre” cette proposition.
• Consensus : tous les membres d’un collectif doivent être entièrement "pour" la proposition, ce qui peut être difficile à atteindre.

Ces modes de prise de décisions sont à utiliser selon l’importance du sujet abordé et selon l’effort à fournir.

Les décisions sur les fondements du collectif ou du projet (racines) nécessitent un engagement fort et des processus longs comme le consensus (exemple : raison d'être, valeurs) ou le consentement (exemples : organisation, rôles, règles). Cela également souvent le cas pour valider des inclusions dans des projets d’habitat participatif.

Pour les actions quotidiennes, des décisions rapides sont nécessaires, souvent confiées aux personnes concernées via des rôles avec leurs domaines d'autorité.

La sociocratie et son fonctionnement

La gouvernance partagée s’inspire aussi du fonctionnement de la Sociocratie qui est un système qui permet à une organisation, quelle que soit sa taille, de fonctionner efficacement selon un mode auto-organisé caractérisé par des prises de décision distribuées à l'ensemble d’un groupe.

Voici quelques exemples d’outils issue de la Sociocratie que vous utiliserez sûrement en collectif :

• La gestion par consentement est un processus qui permet d’aboutir à une prise de décision à laquelle personne ne dit "non", car toutes les objections valables ont été levées. Plus de détails dans cette ressource Gestion par consentement (GPC).
• L'élection sans candidat·e est un mode d’élection où ce sont les votants qui proposent des candidats pour jouer un rôle, et non pas les candidat·es qui essaient de convaincre les votant·es. Plus de détails dans cette ressource Election sans candidat·e (ESC).

Pour aller plus loin

Si vous souhaitez creuser d’avantage la gouvernance partager et toutes ses nuances, vous pouvez consulter les ressources la boite à outils en bas de page et notamment la Bibliographie sur la gouvernance partagée où nous avons listé les lectures pertinentes sur le sujet.